
Léonard Rainis
Direction artistique
Chorégraphe
Formé à l’école nationale de danse de L’opéra de Paris, et après avoir travaillé aux ballets de Monte-Carlo puis à l’opéra national du Rhin (William Forsythe, Lucinda Child, Georges Balanchines, Bertrand D’At, Jean-Christophe Maillot, Jo Stromgren, John Neumeier, José Limon, Uwe Scholz, Davide Bombana, Hans Van Manen, Maurice Béjart) il devient artiste indépendant et travaille en Europe avec des chorégraphes contemporains : Marco Santi, Rui Horta, Hans Neuenfels, Felix Ruckert, Mikael d’Auzon, Vidal Bini, Toufik OI, Suzanne Frey, Gabriella Riccio, Laura Frigato, Morgan Bellanger. Ce travail de création en free lance l’oriente vers un désir de vivre d’autres expériences et l’incite à créer son propre langage chorégraphique. Il crée le pôle en 2007 à Lorient avec Katell Hartereau, projets autour de la danse, du corps et du mouvement, de l’individu et du groupe.
katell hartereau
Direction artistique
Artiste chorégraphique
Formée à la Folkwanghochschule sous la direction de Pina Bausch, elle mène une carrière d’interprète en Suède avec la compagnie NorrDans: Rui Horta, Tedd Stoffer, Stefen Petronio, Uri Ivgi, Jeanne Yasko, Roberto Zappala. Très vite, elle s’aperçoit que son engagement dans la danse se situe au delà de la pure interprétation. C’est en Allemagne qu’elle mènera ses premières expériences en tant que porteuse et accompagnatrice de projets. Aujourd’hui, elle met sa créativité et ses compétences au service du pôle en collaborant artistiquement et en créant une synergie autour du chorégraphe Léonard Rainis.
Artistes chorégraphiques
Techniques
Production
La démarche
Nos deux trajets se sont rejoints autour de désirs communs forts et d’une vision de la danse définie comme une pensée en mouvement, pour inventer autrement. Depuis le point de départ, nous intégrons un fonctionnement transversal entre nos projets : en parallèle des créations pour la scène, nous explorons les possibilités de l’espace public, de l’espace intime, notamment avec les performances in situ et les actions de territoire. Ces propositions, qu’elles soient modestes ou conséquentes sont au cœur d’une réflexion prise chaque fois de manière globale. Ce travail incorporant le terrain et le fond, est mené avec de fortes convictions : oser la marge en ne créant pas seulement des œuvres dites conventionnelles, maintenir une fidélité avec les danseurs-interprètes, parvenir à constituer une synergie d’un groupe où la singularité de chacun peut circuler, sortir du studio, expérimenter en milieu naturel, ne pas hiérarchiser les projets. Nous sommes intimement convaincus que la danse peut faire bouger profondément un individu (au théâtre, à l’école, en prison, en Ehpad).
le pôle est aujourd’hui ancré dans un paysage local, régional et national. A la faveur de ce lent cheminement, nous avons pu développer notre intention artistique générale. Nous avons posé des bases réflexives aussi bien dans le développement de notre pensée artistique que humainement. Cette recherche tend à imaginer une danse totale et absolue. A l’heure de l’hyper-communication, cette danse libre et émancipatrice peut-elle laisser émerger d’autres relations que nous entretenons avec nous-même et le monde dans lequel nous évoluons?
Notre souhait, simple, est de continuer à agir transversalement avec l’ensemble des acteurs territoriaux (institutions, centres chorégraphiques nationaux, centre d’arts, musées, écoles, hôpitaux, médiathèques, festivals …) de consolider ces liens et d’ouvrir à de nouvelles collaborations.

La colonne vertébrale
Ces dernières années, nous avons placé la recherche du mouvement pur au centre de nos préoccupations sans autre prétexte ou thème à la création. Nous nous sommes penchés sur l’art de s’exprimer par des mécanismes de mise en mouvement physique ou psychique. Le corps a été pris sous son angle anatomique, mémoriel, fantasmé, érogène. Nous considérons le corps comme un espace illimité d’ouverture sur notre conscient et inconscient : c’est l’endroit des croisements, de ce qui nous constitue au plus profond. Danser ensemble, c’est se mouvoir à la recherche du corps à venir, c’est ouvrir les possibles sur ce qu’un corps peut faire à un autre corps. Il porte, apporte, supporte, il se comporte.
Nous posons l’hypothèse que la danse peut encore étonner dans son inventivité. Nous sommes marqués par les danses de nos ancêtres et contemporains, par les mouvements culturels, par la manière d’avoir été portés. A chaque corps son histoire, pourtant il y a bien une origine commune: cet archaïsme véritable qui cohabite avec notre être contemporain. Il ne s’agit pas seulement de poser une image primitive mais de questionner l’endroit de l’humanité que nous avons en partage autour de ce corps en mouvement. Cette recherche, à la manière d’un voyage psychanalytique corporel, rallie notre sensibilité au monde à notre introspection mentale. Nous allons chercher, dans la danse, l’essence de l’être avec ses splendeurs et ses bas-fonds prenant à contre-pied le paraître ambiant, l’hyper contrôle de son expressivité.
En tant que créateurs d’instants qui ne se consignent pas et qui proposent une expérience immédiate et intensifiée d’un moment, la question se pose : quel devenir à la danse ? Ceci est au coeur d’une réflexion sociétale et politique. La danse, de par sa nature, vient re-questionner un ordre établi. Elle appartient à ce champ artistique particulier où le spectateur doit, pour y accéder, être dans une disponibilité sensible de l’acte chorégraphique, qui, sous ses yeux, émerge et disparaît simultanément. La danse est à la fois trop intime et universelle. Et c’est aussi autour de cette contradiction que tourne le travail du pôle. Quels sont les désirs universels avoués, les inavoués et ceux qui nous hantent ? La danse telle que nous la concevons libère les pulsions, questionne les endroits de résistance du corps, joue de ses contrastes avec générosité. Nous cherchons l’honnêteté de la proposition. Nous avons dépouillé le plateau pour n’y laisser que le corps (every little movement 2014) Nous avons travaillé en extérieur avec cette volonté de ne pas couper l’homme de la nature et donc de sa nature profonde. Après être allés puiser dans cette essence et avoir eu le sentiment d’aller au bout de cette nudité (dance with dinosaurs 2017) la recherche se poursuit en explorant d’autres envies jusqu’alors timidement expérimentées comme le travail autour de la voix, du rapport à l’objet, ou encore d’une partition musical (The Wall 2021). Nous souhaitons aller questionner certaines limites des représentations du corps érogène (THE PERECT MOMENT. 2019 ) dans une vision non conformiste, sans que la provocation soit un moteur.